Le darss du Tarâwîh – 12

Le darss du Tarâwîh – 12

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22 août 2010, 19:47

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Le tout premier verset qui a été récité au cours de la salât de Tarâwîh d’hier soir énonce :

وَمَا مِنْ دَابَّةٍ فِي الْأَرْضِ إ لّا عَلَى اللَّهِ رِزْقُهَا وَيَعْلَمُ مُسْتَقَرَّهَا وَمُسْتَوْدَعَهَاكُلٌّ فِي كِتَابٍ مُبِينٍ

“Il n’est point de créature sur Terre qui n’attende de Dieu sa subsistance et dont Dieu ne connaisse le repaire et le lieu de sa mort, car tout est consigné dans un Livre explicite !”

 

Selon les commentateurs du Qour’aane, le terme dâb-bah, employé au début du verset, désigne toutes les créatures vivantes qui se déplacent sur terre, dans les mers ou dans les airs. Allah, dans Sa miséricorde Immense, a créé dans ce monde suffisamment de quoi servir de subsistance à toutes ces créatures et Il les a également guidés vers les moyens à adopter pour acquérir ce rizq (subsistance).

Le fait qu’Allah assure aux créatures de quoi leur servir de rizq ne signifie pas pour autant que celles-ci n’aient aucun effort à accomplir pour l’obtenir. Dans un Hadith, le ProphèteMouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit :

عمربن الخطاب رضي الله عنه يقول سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول  لو انكم توكلتم على الله حق توكله لرزقكم كمايرزق الطير تغدو خماصا وتروح بطانا

“Si vous aviez confiance en Allah comme il le faut, Il vous donnerait votre subsistance (rizq) comme Il le donne à l’oiseau, qui sort le matin le ventre vide et rentre le soir le ventre plein.”

 

Et l’oiseau, justement, quitte son nid le matin et fait des efforts pour chercher sa subsistance…

 

Cette précision permet déjà de concilier l’énoncé de ce passage coranique avec le fait qu’il y ait, chaque jour, un nombre considérable de créatures qui meurent de faim à travers le monde… Certains savants avancent une autre hypothèse en guise de conciliation :selon eux, ce qui est énoncé dans ce passage constitue la règle jusqu’à ce qu’arrive le moment prédéterminé de la mort. Lorsque cette limite est atteinte, le manque de nourriture peut, à l’instar d’autres facteurs, compter parmi les causes entraînant la fin de l’existence présente.

 

Le verset indique ensuite deux autres choses : Allah est parfaitement informé de l’endroit où stationne defaçon permanente chaque créature dans ce monde; et Il sait également l’endroit où chacune d’entre elle va trouver la mort (ou, selon une autre interprétation,elle stationne de façon temporaire). Et Il a consigné tous les détails portant sur ces éléments dans un Livre explicite, c’est-à-dire al lawh al mahfoûdh (laTable Gardée).

 

Parmi les enseignements que nouspouvons retenir de ce court verset, il y a notamment les éléments suivants :

– La Puissance et la Science d’Allah sont toutes deux Parfaites : Il est Celui qui pourvoit aux besoins des créatures et qui est constamment informé de leurs conditions.

 

– Par rapport à l’obtention de sa subsistance et le succès de ce qu’il entreprend à cet effet, le croyant doit toujours entretenir la conviction que rien, dans ce monde, ne peut se produire sans la permission d’Allah : dans ces conditions, la pire attitude qu’il pourrait adopter c’est d’essayer d’acquérir son rizq –qu’Allah a déjà fixé pour chacun avant même que l’être humain ne vienne au monde- en le désobéissant et en accomplissant des actes illicites (transactions interdites, tromperie, mensonge,…).

Qu’Allah nous accorde toujours un rizq suffisant, pur et licite. Âmîne !

 

Wa Allâhou A’lam !

(Sources : Tafsîr Al Manâr, Tafsîr Al Mounîr, Tafsîr Ma’ârifoul Qour’aane, Tafsîr Qourtoubi)

https://www.facebook.com/notes/mohammad-patel/le-darss-du-tar%C3%A2w%C3%AEh-12/429068685741

 




Le darss du Tarâwîh – 11

Le darss du Tarâwîh – 11

 

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21 août 2010, 19:35

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Dans un des versets qui ont été récités au cours de la dernière salât de Tarâwîh, Allah mentionne quatre caractéristiques du Qour’aane :

يَا أَيُّهَا النَّاسُ قَدْ جَاءَتْكُمْ مَوْعِظَةٌ مِنْ رَبِّكُمْ وَشِفَاءٌ لِمَا فِي الصُّدُورِ وَهُدًى وَرَحْمَةٌ لِلْمُؤْمِنِينَ

“Ô hommes ! Voici venu à vous un appel de votre Seigneur, qui est à la fois un remède pour le mal qui ronge les cœurs, un guide et une miséricorde pour les fidèles.”

 

1)     Le Qour’aane est d’abord qualifié de maw’idhah venant de notre Seigneur, c’est-à-dire qu’il constitue une invitation au bien et à la vérité et un appel au rejet du mal et de la fausseté, et ce, par le biais d’une formulation équilibrée, qui combine l’encouragement et la mise en garde. A côté des promesses, on y trouve des avertissements; la mention de la récompense y est accompagnée de celle du châtiment. La voie du succès dans l’Autre Monde y est exposée, tout comme ce qui conduit à l’égarement et à la perdition. L’éloquence, la beauté, la vitalité et la profondeur de la Parole d’Allah est telle qu’elle peut adoucir même les cœurs les plus endurcis.   Cette maw’ihdhah qu’est le Qour’aane possède ainsi le potentiel d’incliner les cœurs vers Allah et de les extraire de l’insouciance des choses de ce monde pour les orienter vers le souci de l’Autre Monde.

2)     Ensuite, le Qour’aane est présenté comme étant un moyen de guérison pour ce qui peut affecter les poitrines : les doutes, les croyances déviantes, l’ignorance, les défauts intérieurs (orgueil, ostentation,…). Et lorsque le “cœur” est guéri, les actes accomplis par les membres ne peuvent qu’être sains. La Parole d’Allah constitue ainsi le remède spirituel par excellence. Mais pas seulement : en revenant vers le contenu de certains Ahâdîth, on constate que la récitation du Qour’aane peut aussi, avec la permission d’Allah, contribuer à guérir des maux physiques. Ainsi, Al Bayhaqui (rahimahoullâh) rapporte que, à un homme qui était venu se plaindre au Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) d’une douleur à la gorge, il (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) dit : “Attache toi à la récitation du Qour’aane !” (Réf : Chou’ab al Imân) Par ailleurs, dans un autre Haidth, il est relaté qu’un Compagnon (radhia Allâhou ‘anhou) avait une fois récité la sourate Al Fâtiha sur un chef de tribu qui avait été mordu par un serpent : celui-ci avait alors été guéri. (Sahîh Boukhâri)

3)     Le Qour’aane constitue également un guide qui conduit vers la certitude (al yaqîn) et le droit chemin (as sirât al moustaqîm), celui du succès dans cette vie présente et dans l’Autre. Celui qui étudie et médite le grand livre de la création en suivant la grille de lecture qu’énonce le Qour’aane ne pourra que parvenir à la conviction de l’existence du Créateur Parfait… et à Sa soumission.

 

4)     Enfin, le Qour’aane est une miséricorde pour les croyants, c’est-à-dire ceux qui l’auront pris pour guide. Il les protègera contre les ténèbres de la déviance et contre les flammes de l’Enfer pour les garder dans la lumière de l’îmân et les conduire vers les plus hauts degrés du Paradis.

 

Le mois de Ramadhân étant celui durant lequel le Qour’aane  fut révélé, c’est l’occasion idéale pour chacun et chacune d’entre nous pour prendre la résolution ferme de renouveler notre rapport avec lui… et accepter enfin de bâtir notre existence autour des enseignements qu’il contient.

Qu’Allah nous compte parmi ceux qui accompagnent leur récitation du Qour’aane du nécessaire effort pour sa compréhension et sa pratique. Âmîne!

 

Wa Allâhou A’lam !

 

(Sources : Tafsîr Mounîr, Ma’ârif oul Qour’aane, Tafsîr Sa’diy, Tafsîr Fath oul Qadîr)

Mohammad Patel Wa alaykoum ous salâm

La traduction du texte coranique dans une autre langue n’est qu’un essai d’interprétation de la Parole d’Allah par un être humain: elle n’est donc évidemment pas une Révélation Divine, et n’a pas le même statut que le Qour’aane.

Les récompenses qui ont été mentionnées dans les Ahâdîth portent sur la récitation du Qour’aane en arabe, et ce, que l’on comprenne ou non ce qu’on récite.

Il n’en reste pas moins que la lecture et l’étude de la traduction du Qour’aane constitue un acte méritoire aussi.Voir cette Fatwa : http://islamqa.com/fr/ref/2589/coran%20traduction

Wa Allâhou A’lam !

https://www.facebook.com/notes/mohammad-patel/le-darss-du-tar%C3%A2w%C3%AEh-11/428746735741




Le darss du Tarâwîh – 10

Le darss du Tarâwîh – 10

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20 août 2010, 21:19

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Dans la portion qui a été récitée hier soir au cours de la salât de Tarâwîh, il y avait notamment ce passage :

 

وَالَّذِينَ يَكْنِزُونَ الذَّهَبَ وَالْفِضَّةَ وَلَا يُنْفِقُونَهَا فِي سَبِيلِ اللَّهِ فَبَشِّرْهُمْ بِعَذَابٍ أَلِيمٍ

“Annonce à ceux qui thésaurisent or et argent, au lieu de les consacrer à la Cause de Dieu, un châtiment douloureux…”

 

Selon l’interprétation généralement retenue par les oulémas,cette sévère mise en garde coranique s’adresse à tous ceux (aussi bien parmi les rabbins et les moines, qui sont mentionnés juste avant dans le verset, que parmi les musulmans) qui se rendent coupables du péché évoqué.

 

En quoi consiste exactement ce péché ? D’après l’opinion rapportée de nombreux Compagnons (radhia Allâhou ‘anhoum), ce qui est condamné ici, c’est le fait d’accumuler des richesses sans s’acquitter de la zakâte prescrite. Ainsi, à partir du moment où le musulman s’acquitte de sa zakâte, il n’est plus considéré comme étant quelqu’un qui se livre à la thésaurisation interdite par le Qour’aane.

 

La zakâte est la partie de bien (or, argent, marchandisescommerciales, bétail …) que le (la) musulman(e) doit, sous certaines conditions, prélever annuellement de sa fortune pour la donner aux personnes méritantes.

 

L’obligation de la zakâte compte parmi les piliers de l’Islam. C’est un devoir que l’on retrouve lié avec celui de l’accomplissement de la salât à plus de quatre-vingt endroits dans le Qour’aane.

 

Ceux qui négligent cette obligation de premier ordre s’exposent notamment à un châtiment douloureux, décrit dans le verset suivant :

يَوْمَ يُحْمَى عَلَيْهَا فِي نَارِ جَهَنَّمَ فَتُكْوَى بِهَا جِبَاهُهُمْ وَجُنُوبُهُمْ وَظُهُورُهُمْ هَذَا مَا كَنَزْتُمْ لِأَنْفُسِكُمْ فَذُوقُوا مَا كُنْتُمْ تَكْنِزُونَ

“le jour où ces métaux seront portés à l’incandescence dans le feu de la Géhenne et appliqués sur leurs fronts, leurs flancs et leurs dos : “Voici, leur sera-t-il dit,ce que vous thésaurisiez pour vous-mêmes ! Savourez donc ce que vous avez thésaurisé !”

 

Si, dans ce monde, les biens sont souvent considérés comme étant sources de protection et de bien-être, dans l’Au-delà, les choses seront bien différentes pour ceux qui auront fait preuve d’avarice et qui n’auront ainsi pas dépensé une partie de leur richesse là où Allah le leur avait imposé: l’or et l’argent ainsi thésaurisées seront transformés en plaques ardentes qui serviront à les marquer de tous les côtés… Qu’Allah nous en préserve. Âmîne!

 

Et ce n’est pas le seul châtiment auquel s’expose celui qui ne s’acquitte pas de la zakâte… Abou Houreïra (radhia Allâhou anhou) rapporte en effet que le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a dit :

من آتاهاللّه مالا، فلم يؤدّ زكاته، مثّل له يوم القيامة شجاعا أقرع له زبيبتان يطوّقه يوم القيامة، ثم يأخذ بلهزمتيه ثم يقول له: أنا مالك، أنا كنزك. ثم تلا:سَيُطَوَّقُونَ ما بَخِلُوا بِهِ يَوْمَ الْقِيامَةِ الآية [آل عمران 3/ [180]

 

“Celui à qui Allah a donné des biens et qui ne s’en est pas acquitté de la zakâte, ceux-ci prendront la forme d’un serpent extrêmement venimeux (littéralement: “serpent dégarni, avec deux taches noires”; cette description désigne un type de serpent très dangereux, au poison puissant), qu’on accrochera autour de son cou le Jour Final; puis ce serpent lui mordra les deux joues en disant: “Je suis ton bien; je suis ton trésor.” Puis le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) récita le verset :“Que ceux qui gardent avec avarice ce qu’Allah leur donne par Sa grâce ne comptent point cela comme bon pour eux. Au contraire, c’est mauvais pour eux :au Jour de la Résurrection, on leur attachera autour du cou de qu’ils ont gardé avec avarice. C’est Allah qui a l’héritage des cieux et de la terre. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.” (Sourate 3 / Verset180)

(Boukhâri et Mouslim)

 

Qu’Allah nous donne l’opportunité de nous acquitter comme il se doit de cette obligation et d’assurer ainsi la croissance et la protection de nos biens. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

 

Pour un exposé de certaines règles détaillées de la zakâte suivant le fiqh hanafite, je vous invite à lire les articles publiés ici :

http://www.finance-muslim.com/http:/www.finance-muslim.com/categorie/zakate

 

Et pour vous aider dans le calcul de votre zakâte, je vousinvite à télécharger ce tableau :

http://www.muslimfr.com/table_calcul_zakate.pdf




Le darss du Tarâwîh – 9

Le darss du Tarâwîh – 9

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19 août 2010, 15:48

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

(Le darss de ce jour reprend un de nos discours datant de 2002 et publié ici : http://www.muslimfr.com/modules.php?name=News&file=article&sid=304 )

 

Légalement, on définit généralement la mort comme étant l’arrêt irréversible de toute activité cérébrale. En d’autres mots, l’unique critère permettant de déterminer l’interruption de la vie scientifiquement, c’est la perte définitive (et de façon irréversible) des fonctions vitales.

A cette considération scientifique, nos références religieuses nous apprennent qu’il nous est indispensable de prendre également en considération un autre critère si nous voulons exprimer correctement ce que représente la vie pour nous : il y a en effet une “énergie” qui est tout aussi vitale à nos yeux que l’activité cérébrale, en ce sens que, si celle-ci nous fait défaut, tout en étant vivant, au sens scientifique, légal et courant du terme, on n’existe pas vraiment. Notre existence, sans cette “force vitale”, ne mérite pas d’être considérée comme une vie à part entière, à la lumière de nos références…

Cette énergie vitale complémentaire et indispensable dont nous avons besoin, c’est celle de la spiritualité, qui est nourrie par la Révélation Divine et les œuvres pies.

 

Dans un verset du Saint Qour’aane qui a été récité au cours du Tarâwîh d’hier soir, Allah nous interpelle justement au sujet de cette énergie vitale. Il dit:

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اسْتَجِيبُواْ لِلّهِ وَلِلرَّسُولِ إِذَا دَعَاكُم لِمَا يُحْيِيكُمْ وَاعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ يَحُولُ بَيْنَ الْمَرْءِ وَقَلْبِهِ وَأَنَّهُ إِلَيْهِ تُحْشَرُونَ

“Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allah s’interpose entre l’homme et son coeur, et que c’est vers Lui que vous serez rassemblés.”

(Sourate 8 / Verset 24)

 

Dans ce verset, l’expression “ce qui vous donne la (vraie) vie” a été interprétée différemment par les commentateurs du Qour’aane: selon certains, celle-ci fait allusion à la foi – Imân; selon d’autres, elle fait référence à l’Islam; selon d’autres encore, elle désigne le Qour’aane…

 

Pour concilier et synthétiser toutes ces interprétations, on peut dire que cette “énergie vitale” auquel le verset fait allusion, elle se compose aussi bien de la Révélation Divine que de l’ensemble des œuvres pies, qui alimentent bien évidemment la spiritualité de l’être humain, et lui permettent de mener une existence “pleine”, digne, agréable et sensée. C’est justement pour cette raison que, dans le Qour’aane, la Révélation Divine a été qualifiée de “Roûh”, d’âme et d’esprit. (Voir par exemple le verset 42 de la Sourate 52)

 

Lorsque cette Révélation et l'”énergie vitale” qu’elle porte et entretient fait défaut à un être humain, c’est la vie entière qui perd son sens et sa réalité profonde. Et cela, on peut en être persuadé quand on prend en considération deux faits, l’un positif, l’autre plutôt négatif:

 

1) D’un côté, quand on considère nos enseignements religieux et nos Références, on constate qu’ils donnent un sens à chaque élément de la Création qui nous entoure, à chaque attitude que nous adoptons, à chaque geste que nous faisons, aussi banal et routinier qu’il puisse être en apparence… Ce n’est pas sans raison que le Qour’aane nous invite si souvent à l’observation et à la méditation sur la création qui nous entoure -et dont nous faisons nous mêmes partie intégrante, sur la réflexion par rapport aux événements historiques qui nous ont précédés etc. : c’est justement parce que chaque chose, chaque élément, chaque événement est pour nous porteur d’un rappel, d’un signe, d’un message, d’un conseil, d’une guidée, d’une orientation… qui nous ramène vers le Souvenir du Très Haut et du Tout Puissant, tout en nous permettant d’y voir un peu plus clair dans notre existence présente, et de mieux comprendre ainsi le sens de notre vie sur cette terre. C’est bien pour cela également que, pour le musulman, tout peut prendre une dimension “sacrée” et apporter des récompenses, mêmes les actes les plus courants de la vie de tous les jours: manger, boire, dormir, s’habiller, travailler, avoir des relations intimes avec son épouse… Tout cela peut revêtir une dimension rituelle et de Ibâdah, en fonction de l’intention suivant laquelle l’acte en question est accompli. Mieux encore: les difficultés et les événements tristes qui affectent le musulman, qu’il s’agisse d’une blessure, d’un souci passager lié à la perte de quelque chose, d’une souffrance plus profonde découlant de la perte d’un être qui nous est cher,… toutes ces situations, si elles sont “gérées” comme le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) l’a enseigné, peuvent devenir pour le musulman autant de “tremplins” qu’il peut utiliser pour se rapprocher d’Allah. Et cette métamorphose justement, qui donne un sens, une fonction, un rôle, une importance et un but à chaque chose, elle s’opère par l’intermédiaire de l'”énergie vitale” de la spiritualité, alimentée par la Révélation.

2) D’un autre côté, quand on fait preuve d’objectivité et d’esprit critique, on se rend compte que l’affaiblissement ou la perte de cette”énergie vitale” de la spiritualité et de l’attachement à la Révélation Divine entraîne souvent la disparition, partielle ou totale, de notre conscience et de notre volonté propres: lorsque la lumière et la vitalité spirituelle faiblit chez l’être humain, celui-ci devient sujet à un effacement progressif de sa personnalité, pour se “fondre”, se “diluer” et se “dissoudre” complètement dans l’environnement matérialiste dans lequel il baigne. Ainsi, peu à peu, il n’est plus vraiment maître de sa volonté, de ses choix, de ses désirs, de son existence… Il se transforme en un simple imitateur, pour ne pas dire un pantin, qui ne fait que s’imprégner et reproduire les comportements, les attitudes et les réactions qu’il perçoit autour de lui, qui n’agit qu’en fonction des intérêts qui lui sont dictés par des éléments “extérieurs”: il devient ainsi l’esclave de la richesse et des biens matériels, l’esclave du dirhâm et du dînâr –“abd oud dînâr wad dirham”, pour reprendre une expression du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam)-, mais également l’esclave de la publicité et des techniques de marketing, l’esclave des médias, l’esclave de la mode, l’esclave de ses pulsions malsaines, qui finissent par le dominer… En s’éloignant ainsi de la servitude-‘abdiyah– envers Son Créateur -servitude qui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, lui garantit une existence pleine et une vie digne de ce nom-, il sombre dans un système où il devient l’esclave de tout et de n’importe quoi: et quand on observe une telle personne avec les yeux du cœur et de la conscience, on ne peut s’empêcher de comparer son comportement à celui d’un cadavre ambulant… quelqu’un qui est vivant, au sens scientifique du terme, mais qui, spirituellement, est complètement éteint. Alors que, à l’opposé, l'”énergie vitale” de la spiritualité, lorsqu’elle atteint sa plénitude, peut devenir tellement puissante qu’elle garantit l’existence, même après la mort physique et l’arrêt irréversible de l’activité cérébrale… En effet, lisez donc ce qu’Allah Lui-même Il dit, en s’adressant aux croyants:

“Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients.”

(Sens du Verset 54 de la Sourate 2)

Voilà donc pourquoi la “vitalité spirituelle” est si indispensable pour nous musulmans: efforçons nous de profiter de ces moments bénis que nous vivons pour renforcer cette énergie vitale, en l’alimentant de la Révélation Divine et des œuvres pies… pour essayer de redonner, enfin, un sens à notre vie

 

Wa Allâhou A’lam !




Le darss du Tarâwîh – 8

Le darss du Tarâwîh – 8

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18 août 2010, 17:52

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Parmi les derniers versets de la Sourate Al An’âm qui ont été récités hier soir se trouvait ce passage :

 

مَنْ جَاءَ بِالْحَسَنَةِ فَلَهُ عَشْرُأَمْثَالِهَا وَمَنْ جَاءَ بِالسَّيِّئَةِ فَلَا يُجْزَى إِلَّا مِثْلَهَا وَهُمْ لَايُظْلَمُونَ

Celui-ci présente deux règles portant sur la rétribution divine le Jour du Jugement Dernier :

1) celui qui seprésentera avec une bonne œuvre, qui soit en rapport avec les droits du Créateur ou les droits des créatures, obtiendra une récompense (au moins) décuplée.

 

2) celui qui seprésentera avec une mauvaise action n’en sera rétribué que par un châtiment équivalent.

Et aucun d’eux ne sera lésé. (Sourate 6 / Verset 160)

 

Ces règles de la rétribution divine, qui expriment de façon magistrale la Clémence d’Allah, mais aussi Sa Justice, ont été plus amplement détaillées dans un Hadith Qoudsiyy (est ainsi désigné le Hadith dans lequel le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhiwa sallam) attribue directement les propos qu’il tient à Allah), cité notamment par l’Imâm Boukhâri (rahimahoullâh) et l’Imâm Mouslim (rahimahoullâh) :

 

“Certes,Allah a (fait) consigner (par l’intermédiaire des anges qui accompagnent chacun) les bonnes actions et les mauvaises”; puis il a explicité cela: “Celui qui a eu l’intention de faire une bonne action puis ne l’a pas faite, Allah –qu’Il soit béni et exalté- inscrit en sa faveur une bonne action entière auprès de Lui. Et s’il a eu l’intention de la faire puis l’a réalisée, Allah inscrit en sa faveur de dix à sept cent bonnes actions, et bien plus encore… Et s’il a eu l’intention de commettre une mauvaise action puis ne la fait pas, Allah inscrit auprès de Lui une bonne action entière. Et s’il a eu l’intention de la faire puis l’a réalisée, Allah inscrit une seule mauvaise action (contre lui).”

 

فمَنْهمَّ بِحَسَنةٍ فَلمْ يعْمَلْهَا كتبَهَا اللَّهُ عِنْدَهُ تَبَارَكَ وَتَعَالَى عِنْدَهُ حسنةً كامِلةً

Ainsi, lorsque le croyant fait l’intention –qu’il s’agisse d’une résolution ferme (‘azm) ou d’une simple volonté (hamm)-  d’accomplir une bonne action, et que, par la suite, il ne concrétise pas son dessein, il reçoit quand même la pleine récompense d’une œuvre pie.

 

Il est à noter cependant que l’importance de la récompense qu’il recevra pourra être plus ou moins grande, suivant ce qui l’a conduit à ne pas accomplir réellement l’acte concerné:

 

– s’il a délaissé l’action en raison d’un facteur extérieur –indépendant de sa volonté, tout en ayant au fond de lui le désir de le faire, la récompense qu’il mérite sera importante… et elle le sera encore davantage s’il éprouve en plus regret pour ne pas avoir pu réaliser l’œuvre en question et garde le désirde la réaliser quand il en sera capable.

– s’il adélaissé l’action de son propre gré, dans ce cas la récompense qu’il méritera sera moins importante.

 

Par ailleurs, il convient de souligner que dans ce cas de figure (c’est-à-dire lorsqu’il y a une intention de faire le bien qui n’est pas concrétisée), la récompense obtenue sera similaire àcelle qui est promise pour l’acte concerné en soi… en sachant que si l’acte avait été réellement accompli, sa récompense obtenue aurait été en réalité bien plus grande

وَإِنْ همَّ بهَافَعَمِلَهَاكَتَبَهَااللَّهُ عَشْرحَسَنَاتٍ إِلَى سَبْعِمَائِةِضِعْفٍ إِلَى أَضْعَافٍ كثيرةٍ

Et dans le cas où le croyant concrétise par ses actes la bonne intention qu’il avait dans son cœur, sa récompense est au minimum décuplée. C’est ce qui est énoncé dans le verset cité plus haut.

 

Puis, la récompense peut être encore augmentée jusqu’à sept cent fois plus (que ce qui est en principe celle de l’action accomplie), et même d’avantage encore, si Allah le désire. On trouve encore une fois une confirmation de ce qu’affirme ici le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dans le texte coranique. Allah dit, au sujet de celui qui dépense ses biens dans la voie de Dieu: “Ceux qui dépensent leur biens dans le sentier d’Allah ressemblent à un grain d’où naissent sept épis, à cent grains l’épi. Car Allah multiplie la récompense à qui Il veut et la grâce d’Allah est immense, et Il est Omniscient.” (Sourate 2 / Verset 261)

 

Les oulémas affirment que l’importance de la multiplication du mérite initial pourra être motivée par des facteurs différents; celle-ci pourra notamment varier:

– en fonction de la sincérité et de la dévotion de celui qui agit; par exemple, une salât accomplie avec concentration et présence du cœur rapportera bien plus de récompenses que celle qui est faite avec un autre état d’esprit…

– en fonction de la conformité de l’acte accompli avec l’enseignement prophétique;  en effet, une salât accomplie avec le respect de tous les sounan et moutahabbât (actes recommandés) sera plus méritoire qu’une prière réalisée avec les farâïdh et wâdjibât (actes obligatoires) uniquement…

– en fonction de l’effort et le sacrifice important que requiert l’action; le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a, dans un Hadith, évoqué le mérite exceptionnel que renferme l’accomplissement des ablutions de façon complète malgré la présence de facteurs rendant cela difficile (isbâgh oulwoudhoû ‘alal makârih)…

– en fonction de l’étendue des effets positifs qu’entraîne l’acte accompli; c’est notamment le cas pour les aumônes perpétuelles (sadaqah djâriya), l’enseignement de la science profitable (‘ilm nâfi’) ou l’institution d’une pratique louable et bénéfique (sounnah hassanah)…

Cette première partie du Hadith metdéjà clairement en valeur le caractère exceptionnel de la miséricorde divine… La suite de la Tradition confirme cela de façon encore plus remarquable:

 

 

وَإِنْ هَمَّ بِسيِّئَةِفَلَمْ يَعْمَلْهَاكَتَبَهَااللَّهُ عِنْدَهُ حَسَنَةًكامِلَةً

Si jamais un croyant fait seulement l’intention de commettre un péché, et que, par la suite, il ne concrétise pas sa volonté et n’accomplit pas le mal en question, dans ce cas, non seulement il n’obtiendra pas de péché mais il se verra même gratifié par Allah de la récompense entière d’une bonne action !

Il est cependant nécessaire de souligner que les oulémas considèrent de façon unanime que cette règle énoncé ne s’applique que dans le cas où la décision de faire le péché n’avait pas atteintle stade de résolution ferme (‘azm)… En effet, en ce qui concerne le ‘azm de commettre un mal, selon la majorité des oulémas, la règle est différente.

Par ailleurs, un groupe de savants est d’avis que la non concrétisation du désir de commettre un péché n’est rétribuée que lorsque l’acte concerné n’a été délaissé que pour Allah; en effet, dans un Hadith rapporté par Abou Houreïra (radhia Allâhou anhou), on trouve les termes suivants:

 

إذا أراد عبدي أن يعمل سيئة فلا تكتبوهاعليه حتى يعملها فإن عملها فاكتبوها بمثلها وإن تركها من أجلي فاكتبوها له حسنة

“Lorsque mon serviteur désire accomplir une mauvaise action, ne l’inscrivez pas contre lui tant qu’il ne l’a pas (réellement) faite. Puis,s’il la réalise, consignez (seulement) l’équivalent (de ce qu’il a fait). Et s’il l’a délaissée à cause de Moi, inscrivez en sa faveur une bonne action. (…)”

(Boukhâri)

 

Certains autres oulémas (comme Ibnou Taymiyah(rahimahoullâh))   pensent pour leur part que, à partir du moment où le mal n’est pas concrétisé, la personne concernée obtiendra des récompenses, et ce, qu’elle ait agi ainsi pour le plaisir d’Allah ou sans avoir aucune motivation particulière à l’esprit : ces savants se basent ainsi sur l’énoncé apparent du présent Hadith de Ibnou Abbâs (radhia Allâhouanhou), où on ne trouve aucune sorte de restriction dans les propos du ProphèteMouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam).

Ibnou Hadjar (rahimahoullâh) tente de rapprocher ces deux opinions en disant qu’il est possible que, si un croyant ne concrétise pas une mauvaise intention qu’il avait, il obtiendra systématiquement une récompense, étant donné que l’abandon d’un péché est, en soi, toujours positif: cependant, si la mauvaise action a été délaissée pour Allah, la récompense obtenue sera évidemment plus importante que si elle a été délaissée sans raison particulière.

Et dans le cas où la mauvaise intention est délaissée par honte pour les gens et pour bien se faire voir d’eux, Ibnou Radjab (rahimahoullâh) rapporte de certains savants que la personne concernée n’obtiendra pas de récompenses mais aura au contraire des péchés, étant donné qu’elle a agi parostentation et a fait primer la crainte des gens sur la crainte d’Allah. Néanmoins, cet avis ne fait l’unanimité: Al Qâdhi iy’âdh (rahimahoullâh) et An Nawawi (rahimahoullâh), notamment, ne la partagent pas du tout.

 

Al Khattâbi (rahimahoullâh) soutient que la récompense promise dans ce Hadith pour le mal qui est délaissé concerne le cas où la réalisation du péché était possible et que, malgré cela, elle n’ait pas été concrétisée. En effet, si la personne concernée n’était pas même en mesure de commettre le péché, on ne considèrera pas qu’il y a eu délaissement du mal de sa part: elle ne méritera donc aucune récompense.

 

وَإِنْ هَمَّبِهافعَمِلهَاكَتَبَهَااللَّهُ سَيِّئَةًوَاحِدَةً

Si, finalement, la mauvaise intention est concrétisée et que le mal est accompli réellement, dans ce cas, un péché sera bien consigné: mais, précision essentielle, contrairement à ce qui se produit dans le cas d’une bonne intention concrétisée, ici, en règle générale, le péché inscrit sera unique et non pas multiplié, comme l’indique aussi le passage coranique étudié.

 

En considérant l’extraordinaire miséricorde divine qui s’exprime à travers ces règles de rétribution, on mesure la justesse des propos de Abdoullâh ibnou mas’oûd (radhia Allâhou anhou):

 

ويلٌ لمن غلب وحْدانُه عشراته

“Malheur à celui dont les unités (c’est-à-dire les péchés consignés) surpasse les dizaines (c’est-à-dire les bonnes œuvres, dont le mérite est, au moins, systématiquement décuplé)…”

 

Qu’Allah nous compte parmi ceux qui se présenteront le Jour Final avec le plus dizaines et le moins d’unités. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

(Source : “Tafsîr Mounîr”,”Tafsîr Sa’diy”, “Djâmi’ oul ‘Ouloûm wal Hikam, entre autres)




Le darss du Tarâwîh – 7

Le darss du Tarâwîh – 7

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17 août 2010, 18:04

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Voici ce que nous dit un des versets qui a été récité dans la salât de Tarâwîh d’hier soir :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواعَلَيْكُمْ أَنْفُسَكُمْ لَا يَضُرُّكُمْ مَنْ ضَلَّ إِذَا اهْتَدَيْتُمْ إِلَى اللَّهِ مَرْجِعُكُمْ جَمِيعًا فَيُنَبِّئُكُمْ بِمَا كُنْتُمْ تَعْمَلُونَ

“Ô vous qui croyez ! Vous n’avez à répondre que de vous-mêmes, et l’erreur d’autrui ne saurait vous nuire si vous êtes dans le droit chemin. C’est vers Dieu que vous retournerez tous et Il vous mettra alors en face de vos œuvres.”(Sourate 5 / Verset 105)

Il est ici ordonné aux croyants de s’engager dans leur réforme personnelle et d’œuvrer en bien au niveau individuel. Ainsi, à partir du moment où nous nous efforçons d’agir correctement, que nous nous protégeons des péchés et que nous adhérons avec rigueur à la Voie qui nous a été tracée parAllah et Son Messager (sallallâhou ‘alayhi wa sallam), la déviance de celui qui s’en écarte et s’égare ne nous sera pas préjudiciable.

En tous les cas, nous serons tous ramenés un Jour devant Notre Seigneur et Créateur : et chacun de nous sera alors jugé pour ses propres actes; les bonnes œuvres que nous aurons eu la chance d’accomplir en toute sincérité feront l’objet de rétribution, et le mal auquel nous nous sommes laissé aller nous exposera à des reproches ou des châtiments (qu’Allah nous préserve. Âmîne !)… sauf si Allah, dans Sa Clémence et Sa Bienveillance en décide autrement.

Ceci étant dit, il est très important de ne pas se méprendre sur le sens profond de ce verset : ce passage indique juste que celui qui obéit correctement à Allah et qui s’acquitte de ses obligations ne sera pas châtié pour les fautes d’autrui… conformément, d’ailleurs, à ce qui esténoncé dans d’autres passages coraniques, dont les suivants :

كُلُّ نَفْسٍ بِما كَسَبَتْ رَهِينَةٌ

“toute âme aura à assumer le poids de ses œuvres”(Sourate 74 / Verset 38)

 

وَلَا تَكْسِبُ كُلُّ نَفْسٍ إِلَّا عَلَيْهَا وَلَا تَزِرُ وَازِرَةٌ وِزْرَ أُخْرَى

“Nul ne commet le mal qu’à son propre détriment, et nul n’aura à assumer les fautes d’autrui.”

(Sourate 6 / Verset 164)

 

Ces énoncés ne signifient surtout pas que l’on doit délaisser tout effort pour contrer le mal autour de soi ou pour propager et encourager le bien. Comment pourrait-il en être autrement alors que les versets et les Ahâdîth qui imposent au musulman le amr bil ma’roûf (commandement du bien) et le nahiy ‘anil mounkar (condamnation du mal) se comptent par dizaines…A titre de rappel, on peut citer ce Hadith bien connu du Prophète Mouhammad(sallallâhou ‘alayhi wa sallam) :

 

مَنْ رَأَى مِنْكُمْ مُنْكَرًا فَلْيُغَيِّرْهُ بِيَدِهِ فَإِنْ لَمْ يَسْتَطِعْ فَبِلِسَانِهِ فَإِنْ لَمْ يَسْتَطِعْ فَبِقَلْبِهِ وَذَلِكَ أَضْعَفُ الإِيمَانِ

“Celui d’entre vous qui est témoin d’un mal doit l’empêcher de ses mains ; s’il ne peut le faire, qu’il l’empêche par sa langue ; s’il ne peut aussi faire cela, alors qu’il le fasse de son cœur (c’est à dire qu’il condamne ce péché dans son cœur). Et cela constitue le plus faible degré de foi.”

(Sahîh Mouslim)

 

Ainsi, celui qui délaisse le amr bil ma’roûf et le nahiy ‘anil mounkar n’obéit pas correctement à Allah et abandonne une de ses obligations essentielles : il n’est donc pas lui-même sur le droit chemin et ne peut considérer faire partie de ceux que le verset étudié mentionne. C’est la raison pour laquelle Saïd ibn al Moussayib (rahimahoullâh) disait :

“Le sens de ce verset est le suivant : l’erreur d’autrui ne saurait vous nuire après que vous ayez accompli le amr bil ma’roûf et le nahiy ‘anil mounkar.”

 

Cette réalité, elle avait été rappelée par Abou Bakr (radhia Allâhou ‘anhou) également. Il est rapporté à son sujet qu’il fit un sermon un jour et dit :

“Ô les gens ! Vous récitez ce verset :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا عَلَيْكُمْ أَنْفُسَكُمْ لاَ يَضُرُّكُمْ مَنْ ضَلَّ إِذَا اهْتَدَيْتُمْ

“Ô vous qui croyez ! Vous n’avez à répondre que de vous-mêmes, et l’erreur d’autrui ne saurait vous nuire si vous êtes dans le droit chemin.”

(et vous le prenez dans son sens apparent, en considérant de façon générale que le amr bil ma’roûf et la nahiy ‘anil mounkar n’est pas nécessaire), alors que j’ai entendu le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) dire :

إِنَّ النَّاسَ إِذَا رَأَوُا الظَّالِمَ فَلَمْ يَأْخُذُوا عَلَى يَدَيْهِ أَوْشَكَ أَنْ يَعُمَّهُمُ اللَّهُ بِعِقَابٍ مِنْهُ

“Lorsque les gens sont témoins (de l’abus commis par) le tyran et ne l’empêchent pas d’agir, proche est le moment où Allah les englobera tous par un châtiment de sa part !”

(Sens d’un Hadith cité notamment par At Tirmidhi, avec les commentaires présents dans Touhfat oul Ahwadhi)

 

De façon générale, ce verset illustre bien le risque de se livrer à une interprétation personnelle du Qour’aane (à partir du texte original en arabe ou, bien plus grave, à partir d’une traduction) sans avoir les compétences requises et sans se référer aux explications rapportés de nos pieux prédécesseurs. Il ne faut pas oublier que, lors de la Révélation du Qour’aane, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhiwa sallam) n’avait pas seulement enseigné aux Compagnons (radhia allâhouanhoum) les mots et le texte du Qour’aane, mais il leur avait aussi donné la signification du Message Révélé, comme cela lui avait été commandé par Allah. Et quand on revient vers les Ahâdîth, on constate d’ailleurs qu’il arrivait parfois que des Compagnons (radhia Allâhou ‘anhoum), qui avaient pourtant une parfaite connaissance et maitrise de la langue arabe, se méprenaient sur le sens réel de certains passages coraniques et le Prophète Mouhammad (sallallâhou’alayhi wa sallam) se chargeait alors de corriger leur compréhension.

Dans son apprentissage du message du Qour’aane, le musulman doit donc nécessairement se référer aux personnes compétentes et aux références appropriées dans la science du Tafsîr (exégèse coranique), afin d’être sûr de comprendre la Parole d’Allah comme il a été enseigné par le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et ses pieux Compagnons (radhia allâhou anhoum).

 

Les principales sources du Tafsîr sont au nombre de six :

1- Il y a tout d’abord le Qour’aane lui-même. Il arrive en effet très souvent que le sens d’un verset soit explicité par un autre verset.

2- Il y a ensuite les Hadiths, qui regroupent tous les gestes, les propos et les approbations du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wasallam). Les Hadiths du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) constituent une source d’interprétation très importante pour les versets coraniques.

3- Les propos des Compagnons (radhia allâhou anhoum), qui étaient, il ne faut pas l’oublier les premiers témoins et les interlocuteurs directs de la Révélation. Ils étaient ainsi pleinement informés quant au contexte qui prévalait lors de la révélation du Qour’aane.

4- Les propos des Tâbi’înes r.a., qui étaient les disciples des Companons (radhia allâhou anhoum) et qui étaient donc à ce titre les dépositaires de leur enseignement.

5- La langue arabe.Le Qour’aane ayant été révélé en arabe, il est normal que l’on ne puisse en avoir une bonne compréhension sans une parfaite maîtrise de cette langue et de toutes ses subtilités.

6- La réflexion personnelle (istimbât) qui résulte d’une étude approfondie de la part des oulémas compétents. Le Qour’aane étant la Parole du Seigneur des mondes, son sens est d’une richesse incomparable. Les grands savants musulmans ont ainsi, depuis toujours, continué à y trouver de nouvelles indications et de nouveaux enseignements, en fonction de l’étendue de leur science et des capacités de compréhension qu’ils ont reçu de la part d’Allah. Cependant, il est nécessaire de préciser que ces indications et enseignements dégagés par itimbât ne sont acceptés que s’ils ne s’opposent pas aux prescriptions de la sharia et aux cinq premiers éléments cités.

 

Citons pour conclure un Hadith (qui a cependant été qualifié dhaïf par Al Albâni) des Sounan Tirmidhi :

من قال في القرآن بغيرعلم فليتبوأ مقعده من النار

“Celui qui parle sans science au sujet du Qour’aane, qu’il prépare sa place en enfer.”

 

Qu’Allah nous donne une saine compréhension de Sa Parole et nous compte parmi ceux qui sont sur le droit chemin. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

(Source : Tafsîr Mounîr, Tafsîr Sa’diy, Tafsîr Fath ou lQadîr, ‘Ouloûm oul Qour’aane)

https://www.facebook.com/notes/mohammad-patel/le-darss-du-tarawih-7/427294730741

 




Le darss du Tarâwîh – 6

Le darss du Tarâwîh – 6

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16 août 2010, 17:11

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Voici ce que disent les deux premiers versets qui ont été récités au cours de la salât du Tarâwîh d’hier soir :

لَا يُحِبُّ اللَّهُ الْجَهْرَ بِالسُّوءِ مِنَ الْقَوْلِ إِلَّا مَنْ ظُلِمَ وَكَانَ اللَّهُ سَمِيعًا عَلِيمًا إِنْ تُبْدُوا خَيْرًاأَوْ تُخْفُوهُ أَوْ تَعْفُوا عَنْ سُوءٍ فَإِنَّ اللَّهَ كَانَ عَفُوًّا قَدِيرًا

“Dieu n’aime pas les propos méchants émis à haute voix, à moins que l’on ne soit victime d’une injustice. Dieu est Audient et Omniscient. Que vous fassiez le bien publiquement ou secrètement,ou que vous pardonniez le mal, sachez que Dieu est Pardonneur et Omnipotent.”

(Sourate 4 / Versets 148 et 149)

 

Nombreux sont les enseignements à retenir de ce passage coranique :

” Dieu n’aime pas les propos méchants émis à haute voix”

 

– Tout d’abord, on y apprend qu’Allah n’aime pas que l’on formule à haute voix des propos méchants (comme les insultes, les injures, les fausses accusations ou, de façon plus générale, les paroles qui mettent en avant les défauts ou les péchés d’autrui; selon une interprétation attribuée à Ibn Abbâs (radhia Allâhou ‘anhou), les mauvais propos dont il est question ici sont les invocations qui sont faites à l’encontre d’autrui.)

Ce genre de propos permet en effet l’installation et le développement de la rancœur, de l’animosité, de la haine… au sein de la société, avec tous les effets néfastes que cela peut entraîner.

 

Il est important de souligner que si le verset condamne la formulation à voix haute de ce genre de propos, c’est essentiellement parce que le mal qui est alors provoqué est généralement plus important. Il ne faut surtout pas déduire de là que la formulation de propos méchants est permise à voix basse ! Bien évidemment, celle-ci constitue également un péché…

“à moins que l’on ne soit victime d’une injustice”

– Il y a une exception à la condamnation précédente : elle concerne la personne qui est victime d’une injustice. Il lui est en effet permis d’aller se plaindre (et donc d’exposer le mal qui lui a été fait par autrui) devant quiconque, selon elle, sera en mesure de lui venir en aide, de mettre un terme à l’abus dont elle est victime ou de lui faire obtenir réparation pour le tort qu’elle a subi. Il est également licite, à celui qui est victime d’une injustice, de faire des invocations contre l’oppresseur. Et, selon le sens de divers Ahâdîth, l’invocation de l’opprimé est acceptée par Allah.

– Il est cependant préférable de pardonner à celui qui cause du tort. Dans un autre verset du Qour’aane, il est en effet énoncé :

مَنْ عَفَا وَأَصْلَحَ فَأَجْرُهُ عَلَى اللَّهِ

” celui qui pardonne et se montre conciliant trouvera sa récompense auprès d’Allah”

(Sourate 42/ Verset 40)

 

Hassan al Basri (rahimahoullâh) disait que, plutôt que d’invoquer Allah contre l’oppresseur (en demandant par exemple qu’il soit châtié), il convient plutôt de faire ce genre d’invocations : “Ô Allah ! Aide moi contre lui ! Permet moi d’obtenir le respect de mon droit de lui !”

 

– De façon générale, le musulman se doit d’agir constamment pour contrer l’injustice. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) avait dit une fois :

انْصُرْأَخَاكَ ظَالِمًا أَوْ مَظْلُومًا

“Viens en aide à ton frère, qu’il soit oppresseur ou opprimé !”

Son interlocuteur le questionna : “L’aider lorsqu’il est opprimé, je sais le faire. Mais comment l’aider lorsqu’il opprime ?”

 

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) répondit:

تَكُفُّهُعَنْ الظُّلْمِ فَذَاكَ نَصْرُكَ إِيَّاهُ

“Tu l’empêches(de poursuivre) l’abus. C’est cela ta façon de l’aider.”

(Sens d’un Hadith cité notamment par Tirmidhi)

“Dieu est Audient et Omniscient”

– Tout musulman doit garder à l’esprit de façon constante le fait qu’Allah entend tout et est informé de tout. Ainsi :

  •  il doit en toute circonstance se garder de nuire à autrui par ses propos (ou ses actes).
  •  s’il lui arrive d’être victime d’un abus et d’agir pour obtenir réparation, il doit faire extrêmement attention à ne pas se montrer injuste à son tour; il doit ainsi à tout prix éviter de mentir ou d’en rajouter dans son exposé des faits.

“Que vous fassiez le bien publiquement ou secrètement, ou que vous pardonniez le mal, sachez que Dieu est Pardonneur et Omnipotent.”

– Par rapport Allah, le fait d’accomplir une bonne action publiquement ou secrètement ne change rien : Dieu récompensera chacun pour le moindre atome de bien qu’il aura fait, sous quelque forme que ce soit.

– Le fait de pardonner compte parmi les attributs de perfection d’Allah. C’est donc là une qualité que le croyant doit s’efforcer de développer; d’autant plus que, comme l’indique le Hadith suivant, le pardon ne diminue en rien celui qui le choisit, bien au contraire :

ما نقصت صدقة من مال، وما زاد اللّهعبدا بعفو إلا عزّا، وما تواضع أحد للّه إلا رفعه اللّه

“Aucune aumône ne diminue lebien (de celui qui l’offre). Et Allah ne fait qu’augmenter l’honneur du serviteur par le biais du pardon (dont il choisit de faire preuve). Et quiconque fait preuve d’humilité pour Allah, Allah l’élève.”

(Sahîh Mouslim)

 

Qu’Allah nous donne l’opportunité de nous préserver des propos qui Le déplaisent et d’adopter des attitudes qu’Il agréé. Âmîne !

 

Wa Allâhou A’lam !

(Source : Tafsîr Mounîr, Tafsîr Sa’di, TafsîrIbn Kathîr, Tafsîr Ma’ârif oul Qour’aane)




Le darss du Tarâwîh – 5

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Le darss du Tarâwîh – 5

15 août 2010, 18:22

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

Dans un de ses ouvrages, Moufti Taqi Outhmâni écrit que depuis la fin du 19ème / le début du 20ème siècle, des voix se sont élevées au sein de certains cercles de pensée dans le monde musulman pour appeler à la négation de l’autorité des Ahâdîth (enseignements du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam)) : les “Qour’âniyoûn” (coranistes) et autres groupes qui leurs sont apparentés ont ainsi avancé différentes “thèses” pour justifier leur refus de reconnaître la Sounnah (c’est à direles propos, actes ou approbations du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wasallam))  comme source de législation, et pour soutenir  leur approche et lecture particulières (prétendument modernes, souvent) de l’Islam…

Pourtant, la Parole d’Allah contient de très nombreux énoncés qui indiquent de façon très explicite l’autorité du Messager d’Allah (sallallâhou’alayhi wa sallam) et la nécessité, pour le musulman et la musulmane, de l’obéir et de se soumettre inconditionnellement à ses décisions, et de façon plus large, de suivre ses enseignements. Un des passages récités au cours de la salât de Tarâwîh d’hier soir compte justement parmi ces énoncés.

Allah dit :

فَلَا وَرَبِّكَ لَا يُؤْمِنُونَ حَتَّىيُ حَكِّمُوكَ فِيمَا شَجَرَ بَيْنَهُمْ ثُمَّ لَا يَجِدُوا فِي أَنْفُسِهِمْ حَرَجًامِمَّا قَضَيْتَ وَيُسَلِّمُوا تَسْلِيمًا

 

“Non ! Par ton Seigneur ! Ces gens ne seront de vrais croyants que lorsqu’ils t’auront pris pour juge de leurs différends et auront accepté tes sentences sans ressentiment, en s’y soumettant entièrement.”(Sourate 4 / Verset 65)

 

La narration suivante apporte des éléments importants pour une meilleure compréhension de ce verset :

Il est rapporté en ce sens qu’une fois, il y eut un conflit entre Zoubeïr (radhia Allâhou ‘anhou) et une autre personne parmi les ansâr concernant la gestion de l’eau servant à irriguer les terres de harrah (nom d’un endroit à Médine). L’affaire ayant été portée devant le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wa sallam), celui-ci ordonna à Zoubeïr (rahdia Allâhou’anhou) d’utiliser d’abord l’eau pour ses propres cultures et de laisser ensuite celle-ci s’écouler (immédiatement) chez son voisin (dont le terrain était situé en contrebas) pour que lui aussi puisse en bénéficier. (Cette décision impliquait que Zoubeïr (radhia Allâhou ‘anhou) ne prenne pas l’intégralité de ce qui lui revenait de droit et qu’il accepte de laisser l’eau partir plus rapidement chez son voisin.)

Le ansâri dit alors (insatisfait de la décision rendue) :“Ô Messager d’Allah ! (Tu t’es prononcé ainsi) parce que c’est ton cousin!”

Le visage du Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wasallam) changea de couleur (à cause de la colère). Il (sallallâhou ‘alayhi wasallam) dit alors :

“Zoubeïr ! Irrigue (tes terres) puis garde l’eau jusqu’à ce qu’elle (s’élève bien et) atteigne le bord inférieur de ce qui sert à clôturer le champ. Ensuite seulement tu laisseras l’eau s’écouler chez ton voisin !”

(Suite à cette seconde décision, Zoubeïr (radhia Allâhou ‘anhou) pouvait profiter pleinement de ce qui lui revenait de droit avant de partager l’eau avec son voisin.) Zoubeïr (radhia Allâhou ‘anhou) disait que, selon lui, le verset coranique cité plus haut avait été  révélé à cette occasion. (Sens d’un Hadith rapporté notamment par Boukhâri et Mouslim)

A première vue, ce verset présente l’autorité du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) comme étant celle d’un arbitre (hakam) ou d’un juge (qâdhi), qui est en mesure de prononcer des sentences concernant les affaires qui lui sont présentées. Mais si on réfléchit quelque peu sur les termes et expressions employés dans ce passage, il ressort de façon très claire que l’autorité du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dépasse de loin celle d’un simple juge ou arbitre.

Nul doute qu’un qâdhi dispose de l’autorité de prononcer le jugement qui lui paraît juste et approprié, et qu’il est également en mesure d’imposer le respect, par les deux parties concernées, du jugement qu’il a rendu… Mais il n’a jamais été posé comme nécessaire condition, pour que chacune des parties opposées soit considérée comme étant musulmane, qu’elle accepte de bon cœur le jugement prononcé. Si une personne n’accepte pas la décision rendue par un qâdhi disposant de l’autorité voulue, on pourra qualifier son attitude de mauvaise, et cela pourra être considéré comme un délit de sa part. Mais ce délit ne peut en aucun cas être un facteur provoquant son exclusion de l’Islam… En d’autres mots, on ne pourra pas le qualifier de non musulman uniquement à cause de son refus d’accepter le jugement rendu par le qâdhi…

Pourtant, le verset cité ci-dessus insiste avec force sur le fait que celui qui n’accepte pas le jugement du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne peut être considéré comme étant musulman… L’emphase qui est mis dans le verset sur ce point précis montre bien que l’autorité du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) n’est pas comparable à celle d’un simple qâdhi ou arbitre. Refuser le jugement du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) est synonyme de négation de l’Islam, ce qui différencie justement de beaucoup ledit jugement de celui qui est émis par les tribunaux en général.

Ce passage coranique n’énonce donc pas seulement le statut d’arbitre et de juge au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wasallam) : il lui reconnait également une fonction de législateur, dont les injonctions doivent obligatoirement être acceptées par les musulmans, à l’instar des injonctions qui viennent directement d’Allah. Ainsi, la Sounnah constitue la seconde source de législation musulmane, après le Qour’aane… quoique puissent dire ceux qui prétendent le contraire.

Qu’Allah nous permette à tous et à toutes de suivre les enseignements du Qour’aane et de la Sounnah et de nous y soumettre entièrement afin de devenir des mouslimîn dignes de ce nom. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !

(Réf : “The Authority of Sunnah”, “Darss Tirmidhi”,”Tafsîr Mounîr”)




Le darss du Tarâwîh – 4

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Le darss du Tarâwîh – 4

14 août 2010, 19:22

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Nous avions cité, lors du premier darss du Tarâwîh, des versets du Qour’aane qui présentait cinq qualités importantes des mouttaqoûn (les pieux, ceux qui ont développé la crainte révérencielle d’Allah). Dans un des passages qui a été récité hier soir, d’autres précieuses qualités des mouttaqoûn sont mises en avant.

وَسَارِعُوا إِلَى مَغْفِرَةٍ مِنْ رَبِّكُمْ وَجَنَّةٍعَرْضُهَا السَّمَاوَاتُ وَالْأَرْضُ أُعِدَّتْ لِلْمُتَّقِينَ

 

Il est ici ordonné aux croyants de concourir au Pardon del eur Rabb (Seigneur –  ce qui implique bien évidemment se soumettre à Lui et de Lui obéir) et au jardin du Paradis qui est large comme les cieux et la terre et qui a été préparé pour les mouttaqoûn,  qui sont alors décrits dans les deux versets suivants.

الَّذِينَ يُنْفِقُونَ فِي السَّرَّاءِ وَالضَّرَّاءِ

 

1) Ils dépensent de leurs biens dans les voies qui plaisent à Dieu, et ce, que ce soit dans l’aisance ou dans l’adversité, c’est-à-dire en toute circonstance. Rien ne peut ainsi freiner leur bienveillance envers les créatures d’Allah et leur générosité, qui sont alimentées par leur amour du bien et par leur conviction profonde aux mérites promis dans l’Autre Monde. Cette première qualité des mouttaqoûn constitue déjà, pour eux, un solide rempart contre le Feu, comme l’indique le Hadith dans lequel le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) dit en ce sens : “Protégez-vous du Feu, neserait-ce en donnant (en aumône) un morceau de datte !” (Boukhâri et Mouslim)

وَالْكَاظِمِينَ الْغَيْظَ

 

2) Ils maitrisent leur colère, aussi violente puisse-t-elle être, et ne laisse pas celle-ci s’exprimer dans leurs actes et leurs propos. Et cette maitrise n’est pas liée à une quelconque impuissance ou faiblesse : le Prophète Mouhammad (sallallâhou ‘alayhi wasallam) ne disait-il pas en ce sens que le fort n’est pas celui qui arrive à avoir le dessus sur les autres en se battant, mais le fort est celui qui arrive à se contrôler dans la colère ? (Sens d’un Hadith présent dans les Sahîh de Boukhâriet Mouslim)

Dans un autre Hadith, le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wasallam) nous a enseigné que, la colère résultant d’une influence satanique, un des moyens pour l’apaiser est de faire les ablutions. (Sens d’un Hadith dhaïf des Sounan Abou Dâoûd) Et dans autre Tradition encore, il est dit en substance qu’Allah remplit de sérénité et de foi (imân) le cœur de celui qui domine sa rage alors qu’il a la capacité de la laisser s’exprimer. (Sens d’un Hadith dhaïf cité dans le Moussanaf Abd al Razzâq)

وَالْعَافِينَ عَنِ النَّاسِ

 

3) Les mouttaqoûn ne maitrisent pas seulement leur colère : ils font preuve également de pardon envers ceux qui leur cause du tort… alors que, là encore, ils ont la capacité de rendre la pareille. En d’autres mots, ils écartent leur colère… mais aussi tous les effets négatifs que celle-ci peut créer chez eux (amertume, rancœur, rancune…). Il est rapporté en ce sens dans un Hadith que le jour du Jugement, l’appel suivant sera lancé : “Que celui dont la récompense revient à Allah se mette debout !” On se demandera alors qui sont ces gens. La réponse sera : “Ceux qui pardonnaient aux gens.” Des milliers de personnes se lèveront alors et entreront au Paradis sans rendre de compte. (Extrait d’un Hadith dhaïf cité par At Tabrâni)

وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ

 

Et Allah aime ceux qui font preuve de bienveillance et de ihsân, en répondant au mal de façon positive. Quand on revient vers la vie de nos pieux prédécesseurs, on constate combien ils étaient imprégnés de ces nobles qualités. Il est par exemple rapporté au sujet de Ali fils de Housseïn (rahimahoullâh) que, une fois, une de ses esclaves se mit à lui verser de l’eau pour les ablutions. Le récipient qu’elle tenait lui échappa des mains et blessa Ali (rahimahoullâh), qui leva la tête vers elle.

Elle lui dit alors (en citant le présent passage coranique) : “Allah dit (enparlant des pieux) qu’ils dominent leur rage.”

Ali (rahimahoullâh) répliqua : “J’ai dominé ma rage.”

Elle ajouta : “Et ils pardonnent aux gens.”

Ali (rahimahoullâh) dit : “Allah t’a pardonné.”

Elle ajouta encore : “Et Allah aime les bienfaisants.”

Ali (rahimahoullâh) dit : “Va ! Tu es libre !” (Cité dans Chou’ab al Imân –Bayhaqi)

 

وَالَّذِينَ إِذَا فَعَلُوا فَاحِشَةً أَوْ ظَلَمُواأَنْفُسَهُمْ ذَكَرُوا اللَّهَ فَاسْتَغْفَرُوا لِذُنُوبِهِمْ وَمَنْ يَغْفِرُ الذُّنُوبَإِلَّا اللَّهُ وَلَمْ يُصِرُّوا عَلَى مَا فَعَلُوا وَهُمْ يَعْلَمُونَ

 

Enfin, dernière qualité des mouttaqoûn : quand il leur arrive de commettre une quelconque turpitude (dont le mal s’étend à autrui, comme le ribâ, le vol, la médisance…) ou de se causer à eux même quelque préjudice (en faisant un péché qui n’implique que leur personne), ils adoptent deux attitudes :

  • ils se souviennent de Dieu (de Sa Majesté, Sa Grandeur) et demandent pardon pour leurs péchés en sachant pertinemment que personne d’autre qu’Allah ne pardonne les péchés.
  • ils ne persistent pas sciemment dans le mal qu’ils ont fait. L’une des conditions du repentir tient en effet dans le fait de prendre la résolution ferme de ne plus commettre le péché…

 

Pour ces mouttaqoûn, la promesse divine est la suivante :

أُولَئِكَ جَزَاؤُهُمْ مَغْفِرَةٌ مِنْ رَبِّهِمْ وَجَنَّاتٌ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَنِعْمَ أَجْرُ الْعَامِلِينَ

“Ceux-là ont pour récompense le pardon de leur Seigneur, ainsi que les Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. Comme est beau le salaire de ceux qui font le bien !”

 

Qu’Allah nous compte tous parmi “ceux qui font le bien”. Âmîne !

Wa AllâhouA’lam !

(Source :Tafsîr Mounîr




Le darss du Tarâwîh – 3

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Le darss du Tarâwîh – 3

13 août 2010, 19:13

Bismillâhir Rahmânil Rahîm

 

Dans la portion du Qour’aane qui a été récitée au cours de la dernière salât de Tarâwîh, plusieurs versets traitent d’un péché qui, malgré sa redoutable gravité, est, trop souvent, largement minimisé et banalisé : il s’agit du ribâ.

 

Mais avant même d’évoquer le contenu de ces versets, il convient de clarifier la notion de ribâ. Pour simplifier, on pourrait dire que le ribâ désigne, dans un acte à titre onéreux, un avantage qui est perçu par l’un des cocontractants sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue du droit musulman. Les oulémas ont distingué au moins trois types de ribâ différents :

  •  Il y a d’abord ce que nous appelons couramment l’intérêt, c’est à dire le surplus qui versé/réclamé par rapport à la somme initiale lors du remboursement d’un prêt ou du paiement d’un achat à crédit et dont le versement a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le contrat de prêt ou le contrat de vente à crédit, et ce, en raison du délai accordé pour le règlement différé. Ce type de ribâ, appelé ribâ an nassî’ah ou ribâ al qouroûdh, est le plus répandu dans le monde de nos jours, au sein notamment des crédits et des prêts proposés par les établissements bancaires et les organismes de financement traditionnels… En vertu de ce principe :

–         le crédit à intérêt, même à taux minime,que ce soit des crédits à long terme ou sous forme d’escompte (rachat d’effets de commerce avec marge bénéficiaire) est totalement interdit.

–         le prêt à intérêt est également interdit, quelque soit le taux et la durée.

  • Il y a ensuite le surplus concret perçulors d’un échange direct entre certains types de biens de même nature (or, argent, monnaie, certains types d’aliments…). Ce type de ribâ est connu sous le nom de ribâ al fadhl ou ribâ al bouyoû’.

 

  • Et puis, plus largement, il y a aussi une forme de ribâ qui a été condamnée par des Compagnons (radhia Allâhou anhoum) en ces termes :

كُلُّ قَرْضٍ جَرَّ مَنْفَعَةً فَهُوَ رِبَا

 

“Tout emprunt qui rapporte un avantage (conditionné au prêteur par rapport à ce qu’il a avancé initialement) constitue du ribâ (et est donc strictement interdit).”

 

Pour en revenir au contenu des versets récités, ceux-ci indiquent trois des conséquences terribles du ribâ :

الَّذِينَ يَأْكُلُونَ الرِّبَا لَا يَقُومُونَ إِلَّا كَمَا يَقُومُ الَّذِي يَتَخَبَّطُهُ الشَّيْطَانُ مِنَ الْمَسِّ

 

1) Le coupable de ce péché se présentera, le Jour du Jugement Dernier,comme un aliéné possédé par le démon. (Sourate 2 / Verset 275)

يَمْحَقُ اللَّهُ الرِّبَا وَيُرْبِي الصَّدَقَاتِ وَاللَّهُ لَا يُحِبُّ كُلَّ كَفَّارٍ أَثِيمٍ

 

2) Le ribâ entraîne un effacement de la bénédiction divine (barakah) dans la richesse.  (Sourate 2 / Verset276)

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللَّهَ وَذَرُوا مَا بَقِيَ مِنَ الرِّبَا إِنْ كُنْتُمْ مُؤْمِنِينَ  فَإِنْ لَمْ تَفْعَلُوا فَأْذَنُوا بِحَرْبٍ مِنَ اللَّهِ وَرَسُولِهِ وَإِنْ تُبْتُمْ فَلَكُمْ

رُءُوسُ أَمْوَالِكُمْ لَا تَظْلِمُونَ وَلَا تُظْلَمُونَ

 

3) Celui qui est engagé dans le ribâ et qui ne délaisse pas ce péché malgré la mise en garde divine se voit déclarer la guerre par Allah et Son Messager. (Sourate 2 / Verset 279)

 

A cela s’ajoute le fait que :

  • Selon Djâbir (radhia Allâhouanhou), le Messager d’Allah (sallallâhou ‘alayhi wa sallam) a maudit celui qui se nourrit du ribâ, celui qui en donne à consommer, celui qui rédige (la transaction et met celle-ci à l’écrit) ainsi que les deux témoins (de la transaction). Et il a dit : “Ils sont (tous) pareils !” (Sahîh Mouslim)
  • Selon le sens d’un autre Hadith, le Messager de Dieu (paix et bénédiction sur lui) a dit: “Le (péché du) ribâ (se divise en) soixante-dix catégories, la moins grave d’entre elles (étant comparable) au fait, pour un homme, d’avoir des rapports intimes sa mère.” (Sounan Ibn Mâdja – Authentifié par Al Albâni)

Le mois de Ramadhân est une période durant laquelle nous parvenons à nous abstenir, pendant une durée définie, d’absorber des aliments et des boissons qui sont pourtant, en soi, licites et halâl, et ce, uniquement parce que tel est l’ordre de Dieu.

Profitons de cet élan qui nous anime pour prendre, dès à présent, la résolution ferme de purifier nos transactions et de nous abstenir, pour toujours, de ce péché abominable du ribâ, que Dieu a rendu illicite et harâm de façon permanente.

Qu’Allah nous donne à tous l’opportunité de comprendre la gravité de ce péché et de nous en préserver. Âmîne !

Wa Allâhou A’lam !